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4 novembre 2014 2 04 /11 /novembre /2014 18:49

telechargement--2--copie-5.jpg                                                                                                      telechargement--1--copie-2.jpgtelechargement--3--copie-2.jpg Molière l'avait bien pressenti: "Le poumon, vous dis-je!". Oui mais hélas, ce ne sont pas des malades imaginaires que vient de terrasser le crabe des alvéoles. Après Pierre Autin-Grenier, parti en avril dernier (*), c'est André Blanchard qui vient lui aussi de plier bagage. Blanchard, c'était un drôle de type qui n'était jamais vraiment sorti de sa Franche-Comté natale. Pour gagner sa vie qu'il gagnait mal, il s'était fait gardien d'une galerie d'art de Vesoul  où il végétait sur sa chaise en lisant Proust ("Chauffe, chauffe Marcel!), tout en publiant régulièrement des Carnets dont raffolaient des lecteurs aussi disséminés que fidèles. D'abord chez un petit éditeur local qui fit faillite puis au Dilettante.

   Les titres sont assez explicites. Citons Entre chien et loup (avril-septembre 1987), Messe basse (1990-1992) ou Petite nuit (2000-2002). Ce sont des notes prises au jour le jour qui forment une sorte de journal sans dates et sans nombrilisme aucun. Une oeuvre de chroniqueur et de moraliste, en quelque sorte. S'il ne s'apitoyait pas sur lui, André Blanchard avait surtout la dent dure pour les autres. Il détestait presque tout le monde: Charles Juliet, Houellebecq, Modiano, Pessoa, Pierre Michon... Ah! si, il aimait Amélie Nothomb, mais ce n'était peut-être que pour faire plaisir à sa fille Pauline, une fan de l'écrivain aux chapeaux.

   Bon, tout ça pouvait agacer et pourtant c'était toujours un plaisir que de lire ce petit-cousin de Cioran et de Calaferte mort le 29 septembre dernier à 63 ans. De le lire et aujourd'hui de le relire: "Mon train de vie en est un qui ne mérite même pas d'être ainsi nommé tant, depuis trente ans, c'est teuf-teuf plutôt que vroum-vroum ; encore heureux que je n'aie pas eu d'exigences là-dessus, que je me sois en douceur passé des douceurs: voyages, fringues, loisirs, vacances. J'aura vécu en empruntant le minimum à la vie, façon de n'être pas trop son obligé, sans quoi la juger vire au copinage" (p. 43 de Contrebande, Le Dilettante, 2007).  D.P.
____________

   (*) Les excellentes éditions Finitude viennent de faire paraître deux livres de et sur Pierre Autin-Grenier. D'une part, un recueil de courts textes posthumes dans la veine de Toute une vie bien ratée et de L'Éternité est inutile (Analyser la situation, 131 p., 13,50 €). D'autre part un émouvant ensemble d'hommages dans lequel on retrouve notamment les signatures de Brigitte Giraud, Christian Garcin, Éric Holder, Thomas Vinau, Éric Vuillard et le prix Médicis 2014 Antoine Volodine (Une manière d'histoire saugrenue - Hommage à Pierre Autin-Grenier, 93 p. 15 €).
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3 novembre 2014 1 03 /11 /novembre /2014 22:02

   arton460.jpg   Décidément, on ne sait plus à qui faire confiance. Prenez Bach. Eh bien le grand Jean-Sébastien n'aurait pas composé lui-même toute son oeuvre. Par exemple, Les Variations Goldberg ou encore les Suites pour violoncelle ne seraient pas de lui, mais de sa femme, Anna Magdalena. Telle est en tout cas l'étrange conclusion d'un récent documentaire reprise par le très sérieux Courrier International.

   Et Rimbaud? On croyait tout savoir sur lui. Sa révolte, sa bohème, ses amours tumultueuses avec Verlaine, ses Illuminations... Tiens, Les Illuminations, voilà justement qu'on en reparle. Tenez-vous bien, ce ne serait pas, là non plus, le jeune Arthur qui les aurait écrites mais son ami, le poète symboliste Germain Nouveau. "Rimb" n'aurait été que le copiste d'un manuscrit de son aîné, si tant est qu'on veuille bien croire la thèse de l'universitaire lyonnais Eddie Breuil qui vient de publier un ouvrage intitulé, ça ne s'invente pas, Du nouveau sur Rimbaud (éditions Honoré Champion).

   Bon, c'est vrai, l'une des plus célèbres formules de "l'homme au semelles de vent"  de Charleville, c'est son fameux "Je est un autre" mais de là à prendre l'assertion au pied de la lettre... Je ne sais pas vous mais moi, ces révélations me laissent perplexes. D'ici à ce qu'on me prouve bientôt par A = B que je ne suis pas l'auteur de ce billet... D.P.

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2 novembre 2014 7 02 /11 /novembre /2014 23:12

   telechargement-copie-3.jpg   Avant le Femina ce lundi 3 (croisons les doigts pour Yves Bichet et son Homme qui marche), le Médicis mardi et les Goncourt et Renaudot mercredi, c'est le Grand prix du roman de l'Académie française qui a ouvert, jeudi, le marathon des prix littéraires 2014. Les Immortels ont choisi de récompenser un jeune auteur, né en 1986 à Avignon, Adrien Bosc, pour son premier roman Constellation. Minutieuse reconstitution des moments qui ont précédé et suivi le crash de l'avion dans lequel ont péri le champion de boxe Marcel Cerdan et la violoniste Ginette Neveu, ce livre, dont l'écriture est pourtant parfois assez déconcertante, est en fait une habile variation autour des thèmes de la destinée et du hasard. Rappelons que, outre le personnel de bord et les deux illustres victimes, l'appareil transportait trente-cinq autres passagers dont les trajectoires existentielles, étranges pour plusieurs d'entre elles, sont venues se fracasser elles aussi, ce 27 octobre 1949, sur l'archipel des Açores. "Un concours infini de causes détermine le plus improbable résultat. Quarante-huit personnes, autant d'agents d'incertitudes englobées dans une série de raisons innombrables, le destin est toujours une affaire de point de vue. Un avion modélisé dans lequel qauarante-huit fragments d'histoires forment un monde". (p. 37) D.P.

_________

Constellation d'Adrien Bosc, Stock, 196 p., 18 €. 

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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 13:48

   DSCN7331.JPGDSCN7343.JPGDSCN7349.JPGDSCN9125.JPGDSCN7335.JPG DSCN7344-copie-1.JPG                                        

    À découvrir, sur le site de l'excellente revue Esprit, ce long et passionnant entretien avec Christian Bobin, que nous avons réalisé, Bernard Revel et moi-même, il y a quelques mois au domicile de l'écrivain, près du Creusot, en Saône-et-Loire. (Pour lire, cliquez sur le lien).

   

   Photos © B. Revel et D. Pobel

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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 21:59

   9782862743905.jpg   Tiens! Coluche aurait eu 70 ans mardi. La belle affaire. Arrêtons-nous tout de même un instant sur cette information qui n'en est pas une. Que voulez-vous c'est comme ça, en France, on aime parfois davantage les anniversaires des morts que ceux des vivants. Au moins, avec les premiers, peut-on se projeter dans cette perspective un peu farfelue qui consiste à imaginer ce que serait et penserait le disparu. Dans le cas du comique à la salopette, ce ne sont pas les hypothèses qui manquent. Il ferait assurément son miel du contexte politique et de sa déliquescence que, soit dit en passant, il avait largement vu venir, lui qui s'esclaffait notamment: "La moitié des hommes politiques sont des bons à rien et les autres sont prêts à tout". Mais comment aurait-il évolué? Ferait-il toujours grincer autant de dents? Se serait-il, au contraire, assagi? Ou bien alors procéderait-il à ses adieux de la scène? "C'est l'histoire d'un mec qui s'en va"? La, soyons francs, on ne sait pas. La seule chose probable, c'est que le plus populaire agitateur des années 80 ne verrait pas d'un très bon oeil la sotte "concurrence"  qui se répand ces jours-ci. Une épidémie de clowns menaçant les gens? Coluche, lui, ne faisait peur qu'au pouvoir. Et s'il sortait armé, ça n'était que de sa fantaisie dévastatatrice. D.P.    

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28 octobre 2014 2 28 /10 /octobre /2014 21:52

   Vital Michalon, c'était en 1977. Un prof de physique-chimie de 30 ans qui meurt les poumons éclatés par la déflagration d'un tir des forces de l'ordre, lors de la grande manif du comité Malville contre la construction d'un surgénérateur qui n'a jamais servi et qu'on n'en finit plus de démanteler. Valéry Giscard d'Estaing avait alors interdit l'usage de ces tirs dans les corps-à-corps.

   Malik Oussekine, c'était en 1986. Un étudiant franco-algérien qui succombe à un passage à tabac des sinistres "voltigeurs" du duo Pasqua-Pandraud en marge d'un mouvement d'opposition à la nouvelle réforme universitaire. Le secrétaire d'État Alain Devaquet, à l'origine du projet contesté, avait alors démissionné.
   Rémi Fraisse, c'est en 2014. Un jeune militant écologiste qui périt le dos dévasté par une grenade offensive des gendarmes - l'autopsie vient de le révéler - dans la nuit de samedi à dimanche sur le site du barrage en construction de Sivens, dans le Tarn. Le ministre de l'Intérieur est formel: "Ce n'est pas une bavure".
   Pas une bavure? Alors, il faut nous dire ce qu'est une bavure ou si on se fiche de la gueule du monde en tentant de jouer ainsi sur les mots en pareil contexte. Vital, Malik, Rémi...Trois prénoms à graver, dans des contextes certes fort différents, sur le martyrologe de la violence d'État. Impossible de ne pas frissonner en constatant que, dans nos sociétés du "plus jamais ça" permanent, l'histoire de la répression bégaie à ce point-là.  D.P. 
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28 octobre 2014 2 28 /10 /octobre /2014 19:37

   product_9782070329939_195x320.jpg   C'est à la toute dernière scène d'À bout de souffle de Godard. Le flic qui tire sur Belmondo que vient de dénoncer Jean Seberg, c'est lui. Daniel Boulanger, imper mastic, rondelet, crâne rasé, faisait, comme ça, des apparitions furtives dans les films de ses amis. Mieux, parfois il en écrivait le scénario. Il avait déjà la quarantaine lorsque déferla la Nouvelle Vague mais c'est toujours en enfant espiègle qu'il se glissait sur l'écran. Ses complices s'appelaient Godard, Truffaut, De Broca, Rappeneau, Vadim, Corneau... Fils et petit-fils de fromager, comme son nom ne l'indiquait pas, l'homme de cinéma à l'éternel havane aux lèvres, était aussi romancier, avec plus de vingt titres à son actif, du Retable Wasserfall (Folio, no 3288) à La Nacelle (Livre de Poche, no 5882). Mais c'est dans son registre de prédilection, la nouvelle, qu'il avait obtenu le prix Goncourt en 1974 pour Fouette cocher ! (Folio, no 1160), avant que le gourmand des mots et de la vie qu'il était ne s'attable, en tant que juré, pour un quart de siècle chez Drouant. Sa passion du format court s'exerçait aussi dans ses poèmes - on lui doit une trentaine de recueils - qui ne dépassaient jamais la dizaine de vers. Il avait d'ailleurs, pour eux, inventé un genre particulier: la "retouche". On ne peut trouver plus fidèle autoportrait de l'ermite de Senlis, disparu lundi à 92 ans, que dans cette Retouche à l'homme publiée il y a quelques années:

           "Il se fait des contes et ne peut les suivre,

            la terre à sa cheville.

           Alors, il redevient l'enfant inconsolable

           et mains au dos

           brise le jouet du temps".  D.P.


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27 octobre 2014 1 27 /10 /octobre /2014 23:45

   Si l'on n'en connaît pas encore avec exactitude les circonstances, on sait déjà, en revanche, que la mort de Rémi Fraisse est un emblème. L'emblème de l'absurdité. Nul ne peut admettre qu'une aussi courte existence se trouve ainsi, d'une façon ou d'une autre, sacrifiée sur l'autel contestataire d'un idéal incandescent. L'emblème d'une résistance aussi. Celle qui consiste à s'opposer à des projets mal compris, donc mal expliqués, à plus forte raison lorsqu'ils paraissent insulter l'avenir de notre environnement. L'emblème d'une génération, enfin. Cette jeunesse désenchantée - petits-enfants du Larzac ou de Creys-Malville -  qui croit davantage aujourd'hui aux idées de Pierre Rabhi qu'aux discours politiques. Comme beaucoup d'autres, Rémi Fraisse ne voulait pas de cette retenue d'eau de Sivens dont un rapport vient du reste de pointer du doigt la démesure. Il est peut-être encore assez tôt pour arrêter le chantier plus que contesté. Il est trop tard hélas pour faire barrage à la mort d'un "gamin" de 21 ans, un samedi de manif dans le département de Jaurès. D.P.

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26 octobre 2014 7 26 /10 /octobre /2014 21:45

   On peut évidemment contester cette société hyper-médiatique où le (la) premier(e) présentateur(trice) venu(e) se plaît à transformer son émission en quiz permanent, a fortiori si l'invité(e) exerce une forme quelconque de pouvoir. Une tendance qui, reconnaissons-le, n'est pas toujours étrangère à la façon dont on pose les questions sur Canal +. Pour cela, on voudrait bien se montrer indulgent avec Fleur Pellerin qui, sur le plateau du Supplément de la chaîne cryptée, fut incapable de citer un titre de roman de Patrick Modiano avec lequel elle a dit pourtant avoir "beaucoup rigolé"  au cours d'un "déjeuner formidable". Mais enfin, avouons que, quand bien même la ministre de la Culture est plutôt sympathique, on ne peut être que passablement affligé de constater son ignorance totale, fors les mondanités, du nouveau Nobel de littérature.

   Une excuse? L'intervenante piégée croit en avoir une: "Elle n'a plus du tout le temps de lire depuis deux ans". Là encore, si on sait bien que l'exercice du pouvoir est chronophage, l'argument avancé semblera pour le moins navrant - faut-il rappeler que Modiano publie depuis 1968? - et en dit, en tout cas, plus long qu'il n'y paraît sur notre époque. Une comparaison suffit à donner la pleine mesure de la faille. Imagine-t-on un seul instant Malraux déclarant ne rien avoir lu de Camus ou de Sartre pour cause d'agenda gaulliste trop rempli? Ou même, dans une moindre mesure, Jack Lang confessant sa méconnaissance de Claude Simon? Impensable, évidemment. Quant à l'auteur de Dans le café de la jeunesse perdue et de Fleurs de ruine - "Fleurs" avec un "s", allons, n'y voyons pas de malveillance -, sans doute doit-il se contenter de répéter sa phrase favorite: "C'est bizarre".  D.P.

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26 octobre 2014 7 26 /10 /octobre /2014 14:20

DSCN9112.JPG   Un (extrait de) poème de Claude Roy pour accompagner le "passage à l'heure d'hiver":

 

"Il faut chaque jour allumer les lampes un peu plus tôt


J'ai déjà entendu ces mots   J'ai déjà senti
l'odeur de la fumée du feu de feuilles mortes
Quelqu'un a dit cela Était-ce moi? Était-ce un autre?
C'est arrivé combien de fois? C'étaient les mêmes mots
le même froissement du râteau sur les feuilles
le même ciel où d'instants en instants
le bleu pâle radieux se change en gris pensif
C'était ici   C'était ailleurs   Ou nulle part
C'était dans cette vie   ou dans un autre monde
Le milieu de l'automne   Quelqu'un disait ces mots

 
Il faut chaque jour allumer les lampes un peu plus tôt


C'était ma voix ou son écho? La voix d'un autre?

Et en disant cela   sentant l'air déjà frais

voyant le cuivre le safran le roux dorer les feuilles

celui-là qui parlait   qui peut-être était moi

savait qu'il avait vécu cet instant plusieurs fois

le même instant d'automne revenu dans le temps

instant déjà vécu en amont en aval

le même instant   avec exactement les mêmes mots banals

 

Il faut chaque jour allumer les lampes un peu plus tôt".


(Claude Roy, Le Rivage des jours, Gallimard, 1992).

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  • : Le blog de Didier Pobel
  • : L'usage des jours (livres, poésie, voyages, journal, impressions...)
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Texte Libre

Ces révolutions que

nous n'avons pas vu venir

   De retour à Bény, en ce bel hiver de givre, je relis cette carte postale que mon père garde, avec celles des étés précédents, sur le buffet de la cuisine. "Sous le ciel encore chaud de la Tunisie, nous pensons bien à toi. Ici, on ne se croirait pas à la veille de la Toussaint. À bientôt. On t'embrasse". Des mots tout simples, écrits comme toujours à la hâte, au moment de reprendre l'avion. 

   C'était à peine trois mois plus tôt. Du Cap Bon où nous faisions halte, nous avions effectué de cahotants trajets à travers le pays. Le Temple des eaux au pied du djebel Zaghouan. Le site romain de Dougga, pur poème de pierre, de vent et d'oliviers, où Abdallah, notre guide, nous avait imposé une visite pour le moins exhaustive. Les villages poussiéreux où la population s'ennuie sous les palmiers flétris. Les charrettes, les bourricots, les antiques mobylettes. La pauvreté, la dignité et, pensions-nous, la résignation.

     La résignation? Eh oui, même lorsqu'on est le témoin d'un régime sans ambiguïtés, il n'est pas toujours si simple de pressentir l'histoire en marche. Avec le recul, pourtant, il y avait eu des scènes éloquentes. Ces barrages de police un peu partout, justifiés alors par un enlèvement d'enfant. Ce jeune diplômé quêtant quelques dinars dans les majestueuses ruines de Thuburbo Majus et qui se cachait pour aborder les "nantis" que nous étions à ses yeux. Un feu couvait en lui, c'est sûr. Il n'aurait peut-être pas fallu grand-chose pour qu'il parle. Mais nous étions pressés, comme souvent.

     Et, disons-le aussi, la méfiance nous gagnait. Un soir, du côté de la cité viticole de Grombalia, un 4X4 aux vitres fumées avait rattrapé notre "Symbol" de location. Une impression se confirmait: nous étions suivis. Sans doute vaut-il mieux ne pas écrire "journaliste" à la rubrique "profession" sur les fiches de douanes à l'arrivée lorsque, quelques mois plus tôt, on a utilisé le mot "dictature" pour rendre compte de la dernière parodie de réélection présidentielle au palais de Carthage.

     Les touristes européens flânaient dans les souks. Les cornes de gazelles étaient sucrées, le vin gris de Mornag montait à la tête, octobre avait de superbes rousseurs de désert et la tiédeur des plages invitait à fermer à demi les yeux. Que voulez-vous, c'est comme ça: exportées sur place, les plus solides notions de droits de l'homme se dissolvent parfois dans le bleu de la mer...

     Pour notre part, nous aurions dû prêter davantage attention aux ardents regards noirs de toute une jeunesse rivés aux téléphones portables. La "génération Ben Ali dégage!" préparait, dans la retenue, le grand soir arabe. Le fantoche président de fer était encore omniprésent. Piètre sosie d'un acteur de série B aux cheveux teints, posant, la main sur le cœur à chaque coin de rue, dans chaque lieu public, à côté des pubs pour les biscuits "Tigato" et pour les firmes corrompues se partageant le gâteau.

     Et voilà. Maintenant nous sommes au début 2011. Dans l'odeur du jasmin et de la poudre, dans le bruit des youyous et des balles, la Tunisie a fait sa "Révolution Facebook". Bonheur de découvrir ces incroyables images à la télévision qui en rappellent d'autres. À Berlin non plus, nous n'avions rien vu venir en novembre 1989. Pas plus qu'à Bucarest le mois suivant. Pas plus qu'au Caire ces dernières semaines...

     Nous parlons de tout cela, ce soir, dans cette ferme de Bresse où, depuis plus de trois ans, mon père veille seul avec son chien et ses cartes postales. Celle-ci, un peu plus ancienne, a été postée de Louxor: "Le printemps égyptien est doux. De part et d'autre du Nil, des merveilles nous attendent. À bientôt. On t'embrasse". Tout à l'heure, il nous rappellera comment lui aussi a retrouvé un jour la liberté. C'était en janvier 1945. L'armée russe avançait. Les portes du stalag de Silésie où il venait de passer plus de cinq ans s'ouvraient. Il allait encore mettre plus de quatre mois pour traverser, à pied et la faim au ventre, un no man's land de charniers, de ruines et de spectres hagards.

     Mais ceci est une autre histoire, direz-vous. Bien sûr. N'empêche, la Liberté, d'où qu'elle vienne, d'où qu'elle revienne, est la même. Au Nord ou à l'Est hier. Au Sud aujourd'hui. Dans nos sursauts collectifs. Dans nos émois partagés. Par l'étroite fenêtre aussi, parfois, de nos petites perceptions occidentales. D.P.

(Cette chronique a été publiée

dans l'hebdomadaire "Voix de l'Ain",

n° 3433, semaine du 11 au 18 février 2011). 

  

La carte de la gloire,

le territoire de l'oubli

   Le triomphe de Michel Houellebecq nous réjouit. Nous fûmes suffisamment déçus par ses échecs au Goncourt en 1998, avec Les Particules élémentaires, et en 2005, avec La Possibilité d'une île, pour ne pas nous féliciter de sa victoire, lundi dernier, à la troisième "tentative". Et cela d'autant plus que La Carte et le territoire (Flammarion) est un roman, à la fois désenchanté et jubilatoire, qui s'inscrit à merveille dans l'air du temps de ce mois de novembre 2010 où, sous la résignation apparente, se profile une très énergique "extension du domaine de la lutte".
   Le lendemain du prix, nous écoutions l'"heureux"  lauréat, sur France Inter, exhorter les auditeurs à ne jamais baisser les bras. "Ne vous laissez pas emmerder, soyez libres!", clamait-il. Magnifique, Michel! comme dirait Drucker qui ne va sans doute pas tarder à programmer un"Vivement dimanche"  houellebecquien. Il faut dire que ce matin-là, le malicieux écrivain à la paupière lasse comme ses anoraks réussissait une sacrée performance. Il volait carrément la vedette au général de Gaulle dont on célébrait pourtant, un peu partout ailleurs, le quarantième anniversaire de la disparition. Et lorsque l'invité déclara un brin péremptoire: "On n'a pas de devoirs envers son pays, on est des individus, c'est tout!", on a bien cru entendre, en bruit de fond radiophonique, le héros de Colombey se retourner dans sa tombe, pour autant que sa gigantesque stature posthume le lui en laissait le loisir.
   Tant pis pour "l'homme du 18 juin", c'est celui du 8 novembre qui était ici à l'honneur! La gloire est ainsi faite. L'enthousiasme du moment peut balayer d'un insolent revers de manche de parka fripée la majestuosité d'un uniforme. Voilà bien à quoi nous songions en écoutant ce drôle de fan de Jean-Pierre Pernaud et de Julien Lepers nous rappeler que "la France est un hôtel, pas plus".
   Injustice? Affaire de circonstances, c'est tout, évitons les grands mots. D'ailleurs, s'il y en a un qui est déjà rompu aux fatals soubresauts de la renommée, c'est à l'évidence Michel Houellebecq lui-même. "C'est curieux comme les choses changent..." fait-il dire au père de son double, à la page 217 de son opus désormais ceint de la prestigieuse bande rouge. Oui, les choses changent vite et bien malin qui pourrait évaluer la durée du rayonnement de celui qui, il n'y a pas si longtemps encore, était conspué à l'unanimité, ou presque.
   Comment pouvait-on, dans un contexte analogue, ne pas penser, au moment de l'attribution du prix, à un lauréat précédent qui vient de disparaître dans une assez scandaleuse indifférence? Lorsqu'il fut sacré, en 1968, pour Les Fruits de l'hiver, lui aussi capta tous les regards. Lui aussi éclipsa momentanément de Gaulle, avant que la chienlit ne déferle. Lui aussi fit des déclarations brutes de décoffrage. Lui aussi pesta contre les travers de la société du moment. Lui aussi réhabilita l'âme des provinces et des bourgades. Lui aussi fut traité de populiste. Lui aussi aimait les chiens. Lui aussi lorgnait vers l'Irlande. Lui? Il s'appelait Bernard Clavel et il a signé plus de quatre-vingts ouvrages dévorés, loin des chapelles, sinon celles du Jura aux toits de pierre et de bois, par des millions de gens.
  Comprenons-nous bien: il ne s'agit pas de comparer les mérites respectifs du "dépressif" du Gâtinais et du bûcheron franc-comtois. Leurs oeuvres, pas plus que leurs démarches, leurs postures et leurs convictions - quoi que... - n'offrent de vraies similitudes. Qu'on nous permette simplement d'y mieux mesurer, parfois jusqu'au vertige, l'indécent grand écart auquel sont soumises, au fil des ans, ces notions floues que sont, en art, le goût et la reconnaissance, l'emballement et la postérité, le lâchage et la fidélité.
   Allez, terminons par une hypothèse. Et si, un de ces quatre, Michel Houellebecq rédigeait un vibrant éloge de Bernard Clavel? Dans La Carte et le territoire, il rend bien un hommage aussi inattendu sous sa plume que mérité pour l'intéressé, à un autre laissé-pour-compte de l'ingrat monde des Lettres: Jean-Louis Curtis (1917-1995). Curtis avait lui aussi obtenu le Goncourt. C'était en 1947 pour Les Forêts de la nuit. Ces forêts où il rôde aujourd'hui, si loin des splendeurs de chez Drouant, avec Clavel et tant d'autres, avant que l'histoire littéraire ne rende son jugement dernier. Au minimum dans un siècle ou deux, "particules élémentaires" comprises. D.P.
(Cette chronique a été publiée,

dans une version légèrement modifiée,

dans l'hebdomadaire "Voix du Jura",

n° 3452, semaine du 20 au 26 janvier 2011). 

 

Ferrat, Chabrol:

l'émotion consolatrice
   Drôles d'hommages, quand on y pense. Il y a quelques mois, la France, larme printanière à l'oeil et lyrisme aragonien aux lèvres, n'en finissait plus de saluer Jean Ferrat. La télévision nationale, on s'en souvient, n'hésita pas à retransmettre en direct les obsèques de l'"échappé"  ardéchois, un peu à la façon d'une étape de la "Grande boucle" dans un col cévenol. Et les foules bigarrées ne cessent, depuis, de se bousculer dans l'étroit cimetière basaltique, lors d'un fervent ballet qui ne manquerait pas d'agacer le discret compagnon des petites routes et des pensées rebelles.
   C'était en mars dernier, entre les deux tours d'une élection que les "bonnes gens"  boudèrent en une obstination inversement proportionnelle à celle qu'ils insufflèrent dans leur "au revoir" au chantre de La Montagne. Et voici donc qu'un semestre plus tard disparaît Claude Chabrol, sous un concert de louanges et face une émotion, certes pas tout à fait de la dimension de la précédente, mais néanmoins étonnante par son impact à la fois médiatique et intimiste.
   Holà, que se passe-t-il donc pour qu'un pays peu réputé pour aimer ses artistes - c'est un euphémisme - manifeste ainsi, coup sur coup, sa sympathie et son chagrin? Un tel engouement se justifie évidemment, au-delà de la force des couplets ou des films des deux créateurs, par la somme d'admiration et de proximité qu'ils inspiraient, chacun de son côté. Le premier par son insolente tendresse et ses engagements jamais feints. Le second par son observation espiègle et grinçante de la société. Mais sans doute faut-il voir également, dans ces effets conjugués de complicité populaire, des éléments d'ordre plus circonstantiels. L'interprète de Ma Môme et le cinéaste du Boucher, dans des registres répétons-le fort différents, n'en incarnaient pas moins l'un et l'autre, y compris sans doute jusque dans les propres limites de certaines de leurs oeuvres, une honnêteté, un goût du travail bien fait, un attachement à la mémoire et un indéfectible respect des individus. Autant de valeurs, faut-il le rappeler, qui font particulièrement défaut en une époque de cynisme roi, de politique dévoyée, de chasse aux minorités ethniques, de charters vrombissant d'indécence sur le tarmac glissant des campagnes électorales...
   Impossible de réécouter une chanson de Ferrat ou de se "repasser" un film de Chabrol sans s'imprégner des bénéfiques célébrations de la patience, de la malice, de la tolérance et de la liberté. Et puis, avons-le, nous ressentions une vraie consolation à les voir l'un et l'autre, moustache frémissante ou pipe en bouche, parler soupes d'autrefois, vins de terroir et pourfendre en se marrant "les cons qui n'arrêtent pas de voler et les autres de les regarder", cela en une époque où la fumée conviviale, le verre entre amis et l'humour décapant tombent sous le coup de la loi, alors que la "bêtise d'Etat" entache le pays du droit de Roms. 
   Entre "ombre faite humaine" et "oeil de Vichy", entre "amour cerise"  et adultères provinciales, Jean Ferrat et Claude Chabrol étaient tous deux, à leur manière, d'Antraigues à Sardent, d'éloquents refrains en travellings suggestifs, inscrits à l'inventaire de nos monuments historiques familiers. Continuons à nous précipiter pour la visite en groupes de leurs battements de coeur, de leurs ricanements, de leurs univers, de leur exemplarité. Alléluia et Moteur! D.P.

   

 La rentrée littéraire,

quelle vacherie!
 Elle est retrouvée. Quoi? La rentrée littéraire qui n'a, avouons-le, pas grand'chose à voir avec l'éternité rimbaldienne. Les libraires transpirent. Les attachées de presse s'enfièvrent. Les chroniqueurs frottent leurs lunettes et affûtent leur sens critique. Un peu partout on compte, on compare, on spécule. Au juste, 701 romans, dont 497 français, ça fait combien de plus, de moins ou de pile poil pareil que l'année dernière qui, elle-même, etc. Drôle de phénomène bien de chez nous que cette espèce de foire d'automne où l'on remplace les bestiaux par des bouquins et les viriles clameurs des enchères par des maquignonnages autour des prix. Palpez un peu cette Nothomb, vous m'en direz des nouvelles. Et le dernier fleuron de la race Houellebecq, visez-moi cette encolure. 
   S'il y en a une qui ne risque pas de s'offusquer de la métaphore bovine, c'est bien Claudie Gallay. La petite femme aux yeux bleu pervenche, propulsée directement de ses terreuses origines nord-iséroises aux "déferlantes" du succès, a écrit son nouvel opus, L'Amour est une île, (Actes Sud), dans sa bergerie du Charolais. Avec des broutards crème meuglant sous sa fenêtre. Avec un ciel pluvieux comme vache qui pisse. La-bas, du côté de La Clayette et de Semur, il y a les prés sans Saint-Germain. Et les éleveurs, qui tordent leurs casquettes à l'heure d'écorner leurs troupeaux, se fichent de l'embouche romanesque comme de la première litière de leur stabulation.
   Ils ne dévoreront ni Despentes, ni Forest, ni Volodine. Ni Linda Lê, ni Adam, ni Claudel. Et encore moins Breat Easton Ellis et J.M. Cootzee. Pas le temps. Propos un brin savants. Bref, un monde qui n'est pas le leur. Claudie, ce n'est pas pareil. Elle est presque d'ici. Elle cause comme l'ultime épicière du coin qui fait dépôt de pain et de journaux. Pas mince, le compliment.
    Cette fois-ci, c'est vrai, elle s'est embarquée du côté du festival d'Avignon l'année de la grève des intermittents. Evidemment, on s'en fiche un peu sur les rives de la Grosne, de la Guye ou du Grison. Mais sûr, la prochaine fois, elle parlera des gens du cru. A commencer, peut-être, par les habitants de Saint-Ythaire. Saint-Ythaire, c'est entre Bonnay et Curtil-sous-Burnand. 122 âmes en colère contre le projet d'implantation de cinq éoliennes. Un super sujet pour l'écrivain qu'on a même aperçue l'autre soir au "Vingt heures" de TF1.
    Les révoltés de Saint-Ythaire? A moins que ce ne soient les Don Quichotte de Bény. Bény, c'est au coeur de la Bresse, de l'autre côté de la Saône. Là, c'est contre la future Ligne à grande vitesse qu'on se mobilise à coups de calicots et de banderoles accrochés aux barrières des fermes et des villas avec, parfois, des slogans en patois: "LGV, to ka t'nallo!" ("LGV, tu n'as qu'à t'en aller"!).
   Des hélices géantes bientôt essaimées dans le paysage si cher jadis aux abbés de Cluny ou des trains fous écrasant prochainement l'AOC des célèbres volailles aux pattes bleues. Fichue alternative, quand on y pense. D'autant plus que, dans ce décor de pseudo-polar rural, on ne discerne pas la moindre librairie à l'horizon. Alors, dites, où c'est qu'on va les trouver, à Saint-Ythaire, à Bény ou ailleurs, les 701 titres annoncés? Houellebecq a raison: il convient de revoir de toute urgence "La carte et le territoire". Ah! quelle vacherie, par ici, la rentrée littéraire. (Fin août 2010). D.P.

 

Quelques nouvelles de par ici
 
 
    Je vais vous donner un peu des nouvelles de par ici. C'est où par ici? C'est chez moi. Enfin, je veux dire pas loin. A la rigueur juste à côté. Le décor, vous le connaissez. Il y a un village avec son clocher vaguement roman. Le presbytère transformé en gîte rural. L'épicerie où l'on vend des caramels pour les gosses et des asticots pour la pêche. Le calme règne jusqu'au milieu de l'après-midi. C'est à ce moment-là que les tracteurs ramènent les voitures de foin dans les fermes. Les travaux agricoles, cette année, quelle galère: on est passé directement de l'hiver du mois de mai à la canicule du solstice! Vers dix-huit heures, dix-huit heure trente, les gosses font des pirouettes à bécane et les ados, sur la placette, gloussent dans leurs téléphones portables sans jamais déclarer forfait. Ensuite, le boulodrome de fortune prend  doucement des allures de petit G20 provincial.
    Imperturbable, l'employé municipal arrose les fleurs. Ou ce qu'il en reste. Le week-end dernier, des dadais en goguette ont piétiné les terre-pleins. "Saloperie de désoeuvrés!" maugrée Jean en lisant l'entrefilet dans la chronique locale. Jean, c'est le facteur. Après sa tournée, il aime bien prendre un verre. Le seul café qui n'a pas encore baissé rideau aligne trois tables sur le trottoir. Les autres troquets ont tous fermé. Trop de travaux pour se mettre aux normes. En sirotant son panaché, le préposé s'attarde sur le journal du coin. Les décès, les mariages, les naissances, les accidents... Il lit aussi le billet, en haut à gauche de la page 2. Il y a même la photo du chroniqueur qui tient un bouquin dans ses mains. En regardant de près, on découvre le titre et l'auteur. C'est Après beaucoup d'années de Philippe Jaccottet.
    Jaccottet est un immense poète qui vit dans les parages. Mais personne ne le connaît vraiment. Jean s'en fiche. Lui, ce qu'il recherche dans son canard, ce sont les infos pratiques. Ou les échos du conseil municipal. L'annonce des fêtes d'été. Les vide-greniers des alentours. Mais à la Une, il y a cette photo. Un ministre et sa femme "dans la tourmente". Eric et Florence Woerth, ils s'appellent. Pierrot, le patron du café, qui vient faire un brin de causette à Jean, prononce ce nom à sa façon. Il dit "Voerte" et ça sonne un peu comme un hommage aux absinthes verlainiennes d'autrefois. "Tous pareils, hein, y'en a pas un pour racheter l'autre!". Jean, le regard rivé aux résultats du "Mondial" de foot et au classement général du Tour de France, ne répond rien. Ou alors il fait "hum hum" et bien malin qui pourrait comprendre si c'est une approbation ou l'inverse. 
  Rien ne bouge, ou presque. Il y a juste un soupçon d'électricité dans l'air. La grêle est annoncée pour le soir mais, c'est bien connu, "à la météo, ils se trompent tout le temps...". N'empêche, il faut hâter la fenaison. Demain à l'aube, les fourches hydrauliques des colossaux Renault ou John Deere payés à crédit planteront leurs dents dans ces rouleaux herbeux qui, au mitan des parcelles de la PAC, ressemblent aux chignons lavande des aïeules de ce "pays". Ce "pays" qui pleure et qui rit, qui meurt et qui vit. Ce "pays" qui attend les touristes. Ce "pays" en jachère où, dans les villas des lotissements en extension, Internet remplace désormais l'épicier qui faisait jadis sa tournée en klaxonnant à travers des hameaux pleins de vieux taiseux et de chiens tout en gueule. 
  Voilà, ça se passe par ici un jour brûlant de juillet. Plus tard, peut-être, je vous donnerai des nouvelles de par là-bas. C'est où par là-bas? C'est du côté de par ici. Si jamais, un de ces quatre, vous avez l'occasion, arrêtez vous quelques instants, on parlera un peu de Jaccottet. "Faites passer, disait la terre elle-même, ce matin-là, de sa voix qui n'en est pas une. Mais quoi encore? Quelle consigne?" (Juillet 2010). D.P.
 

    

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