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2 mai 2015 6 02 /05 /mai /2015 10:38
Dans la revue "Europe"Dans la revue "Europe"Dans la revue "Europe"

Dans le numéro de mai de la revue mensuelle Europe, dont le dossier principal est consacré à Claude Simon, une belle lecture de mon récit Un beau soir l'avenir signée Michel Ménaché (p. 351-352).

(Cliquer sur les images pour les agrandir).

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(Europe, n° 1033, mai 2015, 364 p., 20 €).

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1 mai 2015 5 01 /05 /mai /2015 21:06
Au secours Patachou!Au secours Patachou!

On ne va pas remercier Patachou de s'être éclipsée comme ça, en douce, un 30 avril. Ce serait à coup sûr inconvenant. Mais tout de même, ce départ de la chanteuse, une veille de 1er Mai, à 96 ans, nous aura permis de réentendre un peu partout, en ce vendredi de pluie, des bribes de ses succès à la télé ou sur les ondes et c'est peu dire que ce furent de bienvenues ponctuations des échos d'une terne Fête du Travail marquée par une nouvelle tragi-comédie des Le Pen, avec papy qui bombe encore le torse pendant que les "Femen" exhibent les leurs. Non merci, pas envie d'aller danser dans le "petit bal mal famé" de cette famille. C'est chez Temporel qu'on voulait retourner en pensant "aux bonheurs qui sont passés / Là simplement comme le nôtre".

Patachou, qu'on confondait parfois avec Mireille, Mick Michel ou Cora Vaucaire, était une de ces artistes populaires dont on sifflote les refrains pour oublier l'air ambiant pollué. Pendant que le patriarche au compte en Suisse et en imper rouge vociférait prostré devant la statue équestre de la Pucelle, nous, c'est à la patronne de cabaret complice de Bruant, de Brel et de Brassens qu'on aurait voulu adresser un dernier rappel: "Au secours Patachou!" D.P.

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30 avril 2015 4 30 /04 /avril /2015 21:15

Ce serait particulièrement cynique et déplacé de dire que cette affaire tombe mal. Il n'y a évidemment pas d'opportunité favorable à un forfait de cette nature. Mais n'empêche. Apprendre, au lendemain de la sanctuarisation de notre armée par François Hollande que des soupçons de viols sur enfants pèsent sur des soldats français en Centrafrique ne peut qu'ajouter du malaise à la nausée. Quoi, ce serait eux qui commettraient "ça"? Eux, porteurs de nos espoirs de paix et de dignité dans les lointains pays en guerre? Eux, ces représentants de l'ordre et de la sécurité que, dans un autre contexte, on n'hésitait pas embrasser en pleine rue lors du rassemblement historique du 11 janvier?

On aimerait ne pas le croire. Mais le scandale paraît hélas plus que probable. Et si jamais il s'avérait qu'on ait voulu, d'abord cacher les accusations, puis retarder la procédure, ce serait alors bien les mots de "honte nationale" qui s'abattraient sur nous. Sans doute ne manquera-t-on pas de faire valoir, si le crime collectif se confirme, que les auteurs ne sont "que" quelques brebis galeuses au sein d'une troupe vaillante et irréprochable. Sauf que, non, pas d'accord, cette sous-arithmétique-là, pour autant qu'elle soit vérifiée, ne console (presque) de rien. Un penseur chinois l'a dit, il y a quelques siècles déjà: "Ce n'est pas parce qu'un soldat félon quitte le rang que la confiance rejoint son unité". Rompez! D.P.

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28 avril 2015 2 28 /04 /avril /2015 09:26
François Giraud d'Agay avec, notamment, Jean-Luc Favre. Au fil de l'exposition à la Médiathèque. La plaque apposée à l'entrée de la cité scolaire. Photos © D.P.François Giraud d'Agay avec, notamment, Jean-Luc Favre. Au fil de l'exposition à la Médiathèque. La plaque apposée à l'entrée de la cité scolaire. Photos © D.P.François Giraud d'Agay avec, notamment, Jean-Luc Favre. Au fil de l'exposition à la Médiathèque. La plaque apposée à l'entrée de la cité scolaire. Photos © D.P.
François Giraud d'Agay avec, notamment, Jean-Luc Favre. Au fil de l'exposition à la Médiathèque. La plaque apposée à l'entrée de la cité scolaire. Photos © D.P.François Giraud d'Agay avec, notamment, Jean-Luc Favre. Au fil de l'exposition à la Médiathèque. La plaque apposée à l'entrée de la cité scolaire. Photos © D.P.
François Giraud d'Agay avec, notamment, Jean-Luc Favre. Au fil de l'exposition à la Médiathèque. La plaque apposée à l'entrée de la cité scolaire. Photos © D.P.François Giraud d'Agay avec, notamment, Jean-Luc Favre. Au fil de l'exposition à la Médiathèque. La plaque apposée à l'entrée de la cité scolaire. Photos © D.P.

François Giraud d'Agay avec, notamment, Jean-Luc Favre. Au fil de l'exposition à la Médiathèque. La plaque apposée à l'entrée de la cité scolaire. Photos © D.P.

D'abord, il y avait eu une conférence. Ou disons, pour ne pas faire trop prétentieux, une causerie au coin du feu. Le feu était précisément de rigueur. C'était le 28 janvier dernier et une sacrée fournée de neige s'annonçait en Haute-Tarentaise. Pas de quoi, cependant, dérouter le public de la médiathèque de Bourg-Saint-Maurice venu écouter ce soir-là mon propos intitulé "L'Enfance éternelle de / chez Saint-Exupéry". Les cérémonies du 70e anniversaire de la disparition du pilote-écrivain qui a donné son nom à la cité scolaire savoyarde voisine ne faisaient que commencer. Le point d'orgue des 2 et 3 avril se profilait. Deux journées au cours desquelles on put découvrir la belle mobilisation des enseignants et des élèves des premier et second cycles, parcourir la pertinente exposition de la Bibliothèque ou écouter la conférence sur "L'Homme et la machine" d'Antoine Muller, professeur de philosophie au lycée. Mais l'un des temps forts fut bien évidemment constitué par la présence de François Giraud d'Agay, 90 ans, neveu et filleul de "Tonio", venu, en compagnie de sa fille, se prêter avec courtoisie à l'intarissable jeu des questions-réponses sur l'auteur du Petit Prince disparu en Méditerranée le 31 juillet 1944. Un grand bravo à tous les participants et partenaires, à commencer par l'Université Populaire Tarentaise Vanoise que préside le journaliste et poète Jean-Luc Favre. D.P.

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À noter que le texte de ma conférence, que je n'imaginais pas voir passer de l'oral à l'écrit, est désormais gravé sur une plaquette publiée par l'UPTV. On peut se la procurer auprès de l'Université populaire Tarentaise Vanoise 133 Quai Saint-Réal 73600 Moutiers (20 pages grand format, 5 €).

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26 avril 2015 7 26 /04 /avril /2015 21:27

Jadis, il n'y a pas si longtemps, les chemins de Katmandou faisaient rêver. Des hippies, lestés d'un gros sac de révolte et d'utopie, s'en allaient, là-bas au pied de l'Everest, fumer leurs idéaux soixante-huitards dans la grande pipe libertaire des paradis et de leurs artifices. Aujourd'hui, en un autre siècle, la capitale du Népal compte ses morts après le terrible séisme qui a frappé aussi une partie de l'Everest. L'ampleur de la catastrophe dépassera sans doute ce que l'on imagine dans ce petit pays où un tremblement de terre était tellement inéluctable que nul, semble-t-il, ne s'y était vraiment préparé. Face à ce désastre, seule la mobilisation console un peu. Pourvu qu'elle soit à la hauteur de ce toit du monde dévasté. Les demains de Katmandou sont tributaires de l'échelle de Richter de nos cœurs. D.P.

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24 avril 2015 5 24 /04 /avril /2015 22:12
Bisons futés d'Ardèche

La dernière fois que ça s'est bousculé là-bas, c'était au printemps 2010. Tout un pays de ferveur chorale, de camping-cars et de cœurs gros comme ça était allé rendre hommage à Jean Ferrat qui venait de disparaître. À deux pas d'Antraigues, six pieds sous terre dans leur grotte Chauvet découverte seize ans auparavant, nos ancêtres de l'Aurignacien n'avaient pas bronché. Or, voilà qu'aujourd'hui c'est pour eux qu'on se déplace. En s'ouvrant aujourd'hui au public, la caverne du Pont d'Arc, comme on l'appelle désormais, suscite un bel engouement et c'est tant mieux. Avec ses griffures d'ours, ses empreintes de mammouths et sa geste au fusain, elle dit ce que nous fûmes, elle dit ce que nous sommes, femmes et hommes d'un paléolithique contemporain préfigurateur de nos si fragiles lendemains. On ne sait pas si ça bouchonnera ce samedi de vacances sur les routes d'Ardèche pour accéder à la fameuse réplique. Mais si c'est le cas, peu importe. Il y a 36000 ans que les bisons sont futés dans ce rude pays d'eaux et d'os, de genêts et de gènes, de roches et d'aurochs. Et la voix a cappella de Francesca Solleville saluant son ami Jeannot le 16 mars 2010 sur les paroles de Ma France n'a pas fini de résonner dans cette nuit des temps qui recommence chaque matin. Non, "ils n'en finissent pas tes artistes prophètes / de dire qu'il est temps que le malheur succombe". D.P.

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22 avril 2015 3 22 /04 /avril /2015 20:57
Dans "Voix de l'Ain"
Dans "Voix de l'Ain"

Mes récents billets dans l'hebdomadaire Voix de l'Ain: "Attention les yeux" (20 mars), "C'est quel temps?" (27 mars), "Pas que..." (3 avril) et "Le Silence des enfants" (10 avril). Celui de cette semaine, "La Palissade", sera lisible ici prochainement.

(Cliquez sur les images pour les agrandir).
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21 avril 2015 2 21 /04 /avril /2015 00:35
Richard entonné

Les succès de Richard Anthony semblaient tous plus ou moins procéder d'une universelle panacée. Affaire de dosage, bien sûr. Prenez un tiers de rythme lancinant, un tiers de fantaisie, un tiers de trouvaille vocale et vous obtenez, par exemple, un tube de Sirop Typhon, incontournable ritournelle pour colonie de vacances à l'époque où il n'y avait pas besoin d'un plan gouvernemental pour les relancer. C'était en 1969 et l'idole yéyé était déjà un peu sur le déclin mais peu importe. Jusque-là, tous ses titres ou presque - essentiellement des adaptations anglo-américaines - avaient été des triomphes. À mi chemin du rocker et du crooner, "le père tranquille du twist", comme on l'appelait dans Salut les copains, n'hésitait jamais à mettre de la guimauve sur Ray Charles, du slow d'été dans Aranjuez, des bondieuseries sur les Mamas et les Papas ou du vent dans Bob Dylan. Bah! Il aurait eu tort de s'en priver: la France, âge tendre et têtes chenues, aimait ça.

Mais le plus extraordinaire avec cet habitué du hit-parade, c'est qu'un titre a toujours surpassé les autres, celui que tout le monde a entonné ce lundi en apprenant sa disparition. "Et j'enten-en-ends siffler le train-ain...". Un train? Pas un TGV, non c'était trop tôt. Un tortillard lent comme le petit convoi ludique des fameux interludes de l'ORTF mais chargé d'émotion en un temps où les appelés partaient pour l'Algérie le transistor vissé à l'oreille, "dans la fumée des au-revoirs". C'est que, mine de rien, Richard Anthony fut un marqueur de son époque, comme on ne disait pas alors. La Nouvelle Vague de Françoise Giroud et de L'Express doit beaucoup aussi à sa "p'tite MG" et à ses "trois compères assis dans la bagnole sous un réverbère". Et c'est précisément cette "scie" que l'on retrouve un peu plus tard dans l'une des scènes les plus touchantes de Pierrot Le Fou de Godard.

À 77 ans, Richard Anthony, qui eut beaucoup de fans, d'enfants, d'ennuis fiscaux et de "come-back", avait en quelque sorte bouclé la boucle. À présent, il pouvait s'en aller. Ç'aurait tout de même été un comble qu'il rate le train. D.P.

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16 avril 2015 4 16 /04 /avril /2015 21:43
Jean d'O dans La Pléiade: le comte est bon

Ça y est, Jean-D'O, l'enfant Jean d'O l'a obtenu son dernier joujou. Dommage qu'il ait dû être hospitalisé la veille du Jour J car il est beau le cadeau "relié pleine peau sous coffret illustré" offert par Saint Antoine Gallimard. Il avait déjà presque tout. La noblesse, l'argent, la classe, les femmes, l'humour, le succès, l'Académie et des yeux bleu piscine. Mais il lui manquait cet ultime privilège. Entrer dans La Pléiade de son vivant. Comme Gracq ou Jaccottet. Tant mieux pour celui à qui on souhaite une prompte guérison. Quant à savoir si, littérairement, il est à sa place, c'est une autre histoire. Soyons francs, on n'en finirait pas de faire la liste de ceux qui, à nos yeux, méritent mieux que lui un tel honneur. Ce qu'on aime avant tout dans son œuvre, ce sont ses titres souvent empruntés aux poètes: Le Vagabond qui passe sous une ombrelle trouée (1978), C'est une chose étrange à la fin que le monde (2012), Un jour je m'en irai sans avoir tout dit (2013)... Un peu court, jeune homme...

Cela dit, ce ne sont pas ces romans-là qui constituent le premier volume à paraître ce vendredi mais quatre autres parmi lesquels l'incontournable Gloire de l'empire. Des textes vifs, légers, volatils, en dépit d'une érudition infléchie d'un rituel florilège de formules "épatantes". Bref, des livres plus châteaux que brillants malgré l'immense admiration que leur auteur porte au père des Mémoires d'outre-tombe. Qu'on s'en félicite ou s'en désole - suivez notre regard -, on n'aura, en tout cas, pas manqué de noter, du côté de l'éditeur, une manifeste volonté de peopliser la vénérable institution sur papier bible. Jamais encore, en effet, un nouveau venu de cette collection n'avait été un sujet d'imitation pour Laurent Gerra. Décidément, cette fois-ci, le comte est bon. D.P.

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13 avril 2015 1 13 /04 /avril /2015 23:02
"Joie de lire", tristesse de lire

C'est peut-être chez François Maspero qu'on a eu en main pour la première fois un livre de Günter Grass. "Eu en main", c'est une façon de parler. Il n'est pas impossible qu'on l'ait fauché, ce bouquin. Était-ce Le Tambour ou Le Chat et la souris? À "La Joie de lire", 40, rue Saint-Séverin, au cœur du Quartier Latin d'avant la généralisation des boutiques de fringues, le vol était monnaie courante. Le patron anar n'allait tout de même pas appeler les flics. Certains, évidemment, en ont abusé. Victime de sa confiance, l'inflexible libertaire a dû mettre la clé sous la porte. C'était en 1974. L'année où Grass publiait son Journal d'un escargot, éloge de la lenteur dans l'action et dans la vie.

Mais pourquoi rassembler aujourd'hui le libraire-éditeur résistant et le plus célèbre des écrivains d'outre-Rhin? Parce qu'ils sont morts presque au même moment, ainsi vont les destins, le premier samedi à 83 ans, le second ce lundi à 88. Deux vies d'exception dans un siècle de fureur et de convulsions. C'est encore plus vrai sans doute pour Grass, né à Dantzig en 1927 avant que cette ville ne devienne Gdansk en Pologne. Scrutant avec acharnement les racines du mal qui fit sombrer son pays, l'auteur des Années de chien (1965), du Turbot (1979) ou de La Ratte (1987) n'aura pas une seconde usurpé son étiquette de "Conscience allemande" - ou plutôt de "mauvaise conscience de l'Allemagne" -, à la fois dans sa démarche littéraire et dans son engagement politique très tôt à gauche auprès du chancelier Willy Brandt.

Celui qui fut sculpteur avant d'être écrivain, bacchantes fournies, bagouze à l'index et pipe au bec, avait quelque chose de breughélien. À travers ses lunettes demi-lunes, il n'eut de cesse d'interroger le crépuscule d'un temps naufragé dont il fut un rescapé, avec une hargne qui n'excluait pas la honte, lui qui osa enfin sur le tard avouer son enrôlement au sein des Waffen-SS en 1944 dans son autobiographie Pelures d'oignon, en 2007.

Une polémique de plus à l'actif de ce moraliste grande gueule qui ne fut pas tendre non plus avec la Réunification dans son pamphlet intitulé Mon siècle et paru en 1999, l'année où il obtint la reconnaissance internationale avec le prix Nobel. Günter Grass s'est éteint dans une clinique de Lübeck, à portée de la Baltique dont il aimait l'écume autant que la mousse de sa bière et à deux pas de son repaire de Behlendorf où il cognait sur sa vieille Olivetti comme sur le tambour de son enfance qui fit sa gloire en librairie. À la joie de lire et relire se mêle, ce soir, quelque chose qui ressemble à cette tristesse grassienne qui habitait ses livres. D.P.

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Présentation

  • : Le blog de Didier Pobel
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Texte Libre

Ces révolutions que

nous n'avons pas vu venir

   De retour à Bény, en ce bel hiver de givre, je relis cette carte postale que mon père garde, avec celles des étés précédents, sur le buffet de la cuisine. "Sous le ciel encore chaud de la Tunisie, nous pensons bien à toi. Ici, on ne se croirait pas à la veille de la Toussaint. À bientôt. On t'embrasse". Des mots tout simples, écrits comme toujours à la hâte, au moment de reprendre l'avion. 

   C'était à peine trois mois plus tôt. Du Cap Bon où nous faisions halte, nous avions effectué de cahotants trajets à travers le pays. Le Temple des eaux au pied du djebel Zaghouan. Le site romain de Dougga, pur poème de pierre, de vent et d'oliviers, où Abdallah, notre guide, nous avait imposé une visite pour le moins exhaustive. Les villages poussiéreux où la population s'ennuie sous les palmiers flétris. Les charrettes, les bourricots, les antiques mobylettes. La pauvreté, la dignité et, pensions-nous, la résignation.

     La résignation? Eh oui, même lorsqu'on est le témoin d'un régime sans ambiguïtés, il n'est pas toujours si simple de pressentir l'histoire en marche. Avec le recul, pourtant, il y avait eu des scènes éloquentes. Ces barrages de police un peu partout, justifiés alors par un enlèvement d'enfant. Ce jeune diplômé quêtant quelques dinars dans les majestueuses ruines de Thuburbo Majus et qui se cachait pour aborder les "nantis" que nous étions à ses yeux. Un feu couvait en lui, c'est sûr. Il n'aurait peut-être pas fallu grand-chose pour qu'il parle. Mais nous étions pressés, comme souvent.

     Et, disons-le aussi, la méfiance nous gagnait. Un soir, du côté de la cité viticole de Grombalia, un 4X4 aux vitres fumées avait rattrapé notre "Symbol" de location. Une impression se confirmait: nous étions suivis. Sans doute vaut-il mieux ne pas écrire "journaliste" à la rubrique "profession" sur les fiches de douanes à l'arrivée lorsque, quelques mois plus tôt, on a utilisé le mot "dictature" pour rendre compte de la dernière parodie de réélection présidentielle au palais de Carthage.

     Les touristes européens flânaient dans les souks. Les cornes de gazelles étaient sucrées, le vin gris de Mornag montait à la tête, octobre avait de superbes rousseurs de désert et la tiédeur des plages invitait à fermer à demi les yeux. Que voulez-vous, c'est comme ça: exportées sur place, les plus solides notions de droits de l'homme se dissolvent parfois dans le bleu de la mer...

     Pour notre part, nous aurions dû prêter davantage attention aux ardents regards noirs de toute une jeunesse rivés aux téléphones portables. La "génération Ben Ali dégage!" préparait, dans la retenue, le grand soir arabe. Le fantoche président de fer était encore omniprésent. Piètre sosie d'un acteur de série B aux cheveux teints, posant, la main sur le cœur à chaque coin de rue, dans chaque lieu public, à côté des pubs pour les biscuits "Tigato" et pour les firmes corrompues se partageant le gâteau.

     Et voilà. Maintenant nous sommes au début 2011. Dans l'odeur du jasmin et de la poudre, dans le bruit des youyous et des balles, la Tunisie a fait sa "Révolution Facebook". Bonheur de découvrir ces incroyables images à la télévision qui en rappellent d'autres. À Berlin non plus, nous n'avions rien vu venir en novembre 1989. Pas plus qu'à Bucarest le mois suivant. Pas plus qu'au Caire ces dernières semaines...

     Nous parlons de tout cela, ce soir, dans cette ferme de Bresse où, depuis plus de trois ans, mon père veille seul avec son chien et ses cartes postales. Celle-ci, un peu plus ancienne, a été postée de Louxor: "Le printemps égyptien est doux. De part et d'autre du Nil, des merveilles nous attendent. À bientôt. On t'embrasse". Tout à l'heure, il nous rappellera comment lui aussi a retrouvé un jour la liberté. C'était en janvier 1945. L'armée russe avançait. Les portes du stalag de Silésie où il venait de passer plus de cinq ans s'ouvraient. Il allait encore mettre plus de quatre mois pour traverser, à pied et la faim au ventre, un no man's land de charniers, de ruines et de spectres hagards.

     Mais ceci est une autre histoire, direz-vous. Bien sûr. N'empêche, la Liberté, d'où qu'elle vienne, d'où qu'elle revienne, est la même. Au Nord ou à l'Est hier. Au Sud aujourd'hui. Dans nos sursauts collectifs. Dans nos émois partagés. Par l'étroite fenêtre aussi, parfois, de nos petites perceptions occidentales. D.P.

(Cette chronique a été publiée

dans l'hebdomadaire "Voix de l'Ain",

n° 3433, semaine du 11 au 18 février 2011). 

  

La carte de la gloire,

le territoire de l'oubli

   Le triomphe de Michel Houellebecq nous réjouit. Nous fûmes suffisamment déçus par ses échecs au Goncourt en 1998, avec Les Particules élémentaires, et en 2005, avec La Possibilité d'une île, pour ne pas nous féliciter de sa victoire, lundi dernier, à la troisième "tentative". Et cela d'autant plus que La Carte et le territoire (Flammarion) est un roman, à la fois désenchanté et jubilatoire, qui s'inscrit à merveille dans l'air du temps de ce mois de novembre 2010 où, sous la résignation apparente, se profile une très énergique "extension du domaine de la lutte".
   Le lendemain du prix, nous écoutions l'"heureux"  lauréat, sur France Inter, exhorter les auditeurs à ne jamais baisser les bras. "Ne vous laissez pas emmerder, soyez libres!", clamait-il. Magnifique, Michel! comme dirait Drucker qui ne va sans doute pas tarder à programmer un"Vivement dimanche"  houellebecquien. Il faut dire que ce matin-là, le malicieux écrivain à la paupière lasse comme ses anoraks réussissait une sacrée performance. Il volait carrément la vedette au général de Gaulle dont on célébrait pourtant, un peu partout ailleurs, le quarantième anniversaire de la disparition. Et lorsque l'invité déclara un brin péremptoire: "On n'a pas de devoirs envers son pays, on est des individus, c'est tout!", on a bien cru entendre, en bruit de fond radiophonique, le héros de Colombey se retourner dans sa tombe, pour autant que sa gigantesque stature posthume le lui en laissait le loisir.
   Tant pis pour "l'homme du 18 juin", c'est celui du 8 novembre qui était ici à l'honneur! La gloire est ainsi faite. L'enthousiasme du moment peut balayer d'un insolent revers de manche de parka fripée la majestuosité d'un uniforme. Voilà bien à quoi nous songions en écoutant ce drôle de fan de Jean-Pierre Pernaud et de Julien Lepers nous rappeler que "la France est un hôtel, pas plus".
   Injustice? Affaire de circonstances, c'est tout, évitons les grands mots. D'ailleurs, s'il y en a un qui est déjà rompu aux fatals soubresauts de la renommée, c'est à l'évidence Michel Houellebecq lui-même. "C'est curieux comme les choses changent..." fait-il dire au père de son double, à la page 217 de son opus désormais ceint de la prestigieuse bande rouge. Oui, les choses changent vite et bien malin qui pourrait évaluer la durée du rayonnement de celui qui, il n'y a pas si longtemps encore, était conspué à l'unanimité, ou presque.
   Comment pouvait-on, dans un contexte analogue, ne pas penser, au moment de l'attribution du prix, à un lauréat précédent qui vient de disparaître dans une assez scandaleuse indifférence? Lorsqu'il fut sacré, en 1968, pour Les Fruits de l'hiver, lui aussi capta tous les regards. Lui aussi éclipsa momentanément de Gaulle, avant que la chienlit ne déferle. Lui aussi fit des déclarations brutes de décoffrage. Lui aussi pesta contre les travers de la société du moment. Lui aussi réhabilita l'âme des provinces et des bourgades. Lui aussi fut traité de populiste. Lui aussi aimait les chiens. Lui aussi lorgnait vers l'Irlande. Lui? Il s'appelait Bernard Clavel et il a signé plus de quatre-vingts ouvrages dévorés, loin des chapelles, sinon celles du Jura aux toits de pierre et de bois, par des millions de gens.
  Comprenons-nous bien: il ne s'agit pas de comparer les mérites respectifs du "dépressif" du Gâtinais et du bûcheron franc-comtois. Leurs oeuvres, pas plus que leurs démarches, leurs postures et leurs convictions - quoi que... - n'offrent de vraies similitudes. Qu'on nous permette simplement d'y mieux mesurer, parfois jusqu'au vertige, l'indécent grand écart auquel sont soumises, au fil des ans, ces notions floues que sont, en art, le goût et la reconnaissance, l'emballement et la postérité, le lâchage et la fidélité.
   Allez, terminons par une hypothèse. Et si, un de ces quatre, Michel Houellebecq rédigeait un vibrant éloge de Bernard Clavel? Dans La Carte et le territoire, il rend bien un hommage aussi inattendu sous sa plume que mérité pour l'intéressé, à un autre laissé-pour-compte de l'ingrat monde des Lettres: Jean-Louis Curtis (1917-1995). Curtis avait lui aussi obtenu le Goncourt. C'était en 1947 pour Les Forêts de la nuit. Ces forêts où il rôde aujourd'hui, si loin des splendeurs de chez Drouant, avec Clavel et tant d'autres, avant que l'histoire littéraire ne rende son jugement dernier. Au minimum dans un siècle ou deux, "particules élémentaires" comprises. D.P.
(Cette chronique a été publiée,

dans une version légèrement modifiée,

dans l'hebdomadaire "Voix du Jura",

n° 3452, semaine du 20 au 26 janvier 2011). 

 

Ferrat, Chabrol:

l'émotion consolatrice
   Drôles d'hommages, quand on y pense. Il y a quelques mois, la France, larme printanière à l'oeil et lyrisme aragonien aux lèvres, n'en finissait plus de saluer Jean Ferrat. La télévision nationale, on s'en souvient, n'hésita pas à retransmettre en direct les obsèques de l'"échappé"  ardéchois, un peu à la façon d'une étape de la "Grande boucle" dans un col cévenol. Et les foules bigarrées ne cessent, depuis, de se bousculer dans l'étroit cimetière basaltique, lors d'un fervent ballet qui ne manquerait pas d'agacer le discret compagnon des petites routes et des pensées rebelles.
   C'était en mars dernier, entre les deux tours d'une élection que les "bonnes gens"  boudèrent en une obstination inversement proportionnelle à celle qu'ils insufflèrent dans leur "au revoir" au chantre de La Montagne. Et voici donc qu'un semestre plus tard disparaît Claude Chabrol, sous un concert de louanges et face une émotion, certes pas tout à fait de la dimension de la précédente, mais néanmoins étonnante par son impact à la fois médiatique et intimiste.
   Holà, que se passe-t-il donc pour qu'un pays peu réputé pour aimer ses artistes - c'est un euphémisme - manifeste ainsi, coup sur coup, sa sympathie et son chagrin? Un tel engouement se justifie évidemment, au-delà de la force des couplets ou des films des deux créateurs, par la somme d'admiration et de proximité qu'ils inspiraient, chacun de son côté. Le premier par son insolente tendresse et ses engagements jamais feints. Le second par son observation espiègle et grinçante de la société. Mais sans doute faut-il voir également, dans ces effets conjugués de complicité populaire, des éléments d'ordre plus circonstantiels. L'interprète de Ma Môme et le cinéaste du Boucher, dans des registres répétons-le fort différents, n'en incarnaient pas moins l'un et l'autre, y compris sans doute jusque dans les propres limites de certaines de leurs oeuvres, une honnêteté, un goût du travail bien fait, un attachement à la mémoire et un indéfectible respect des individus. Autant de valeurs, faut-il le rappeler, qui font particulièrement défaut en une époque de cynisme roi, de politique dévoyée, de chasse aux minorités ethniques, de charters vrombissant d'indécence sur le tarmac glissant des campagnes électorales...
   Impossible de réécouter une chanson de Ferrat ou de se "repasser" un film de Chabrol sans s'imprégner des bénéfiques célébrations de la patience, de la malice, de la tolérance et de la liberté. Et puis, avons-le, nous ressentions une vraie consolation à les voir l'un et l'autre, moustache frémissante ou pipe en bouche, parler soupes d'autrefois, vins de terroir et pourfendre en se marrant "les cons qui n'arrêtent pas de voler et les autres de les regarder", cela en une époque où la fumée conviviale, le verre entre amis et l'humour décapant tombent sous le coup de la loi, alors que la "bêtise d'Etat" entache le pays du droit de Roms. 
   Entre "ombre faite humaine" et "oeil de Vichy", entre "amour cerise"  et adultères provinciales, Jean Ferrat et Claude Chabrol étaient tous deux, à leur manière, d'Antraigues à Sardent, d'éloquents refrains en travellings suggestifs, inscrits à l'inventaire de nos monuments historiques familiers. Continuons à nous précipiter pour la visite en groupes de leurs battements de coeur, de leurs ricanements, de leurs univers, de leur exemplarité. Alléluia et Moteur! D.P.

   

 La rentrée littéraire,

quelle vacherie!
 Elle est retrouvée. Quoi? La rentrée littéraire qui n'a, avouons-le, pas grand'chose à voir avec l'éternité rimbaldienne. Les libraires transpirent. Les attachées de presse s'enfièvrent. Les chroniqueurs frottent leurs lunettes et affûtent leur sens critique. Un peu partout on compte, on compare, on spécule. Au juste, 701 romans, dont 497 français, ça fait combien de plus, de moins ou de pile poil pareil que l'année dernière qui, elle-même, etc. Drôle de phénomène bien de chez nous que cette espèce de foire d'automne où l'on remplace les bestiaux par des bouquins et les viriles clameurs des enchères par des maquignonnages autour des prix. Palpez un peu cette Nothomb, vous m'en direz des nouvelles. Et le dernier fleuron de la race Houellebecq, visez-moi cette encolure. 
   S'il y en a une qui ne risque pas de s'offusquer de la métaphore bovine, c'est bien Claudie Gallay. La petite femme aux yeux bleu pervenche, propulsée directement de ses terreuses origines nord-iséroises aux "déferlantes" du succès, a écrit son nouvel opus, L'Amour est une île, (Actes Sud), dans sa bergerie du Charolais. Avec des broutards crème meuglant sous sa fenêtre. Avec un ciel pluvieux comme vache qui pisse. La-bas, du côté de La Clayette et de Semur, il y a les prés sans Saint-Germain. Et les éleveurs, qui tordent leurs casquettes à l'heure d'écorner leurs troupeaux, se fichent de l'embouche romanesque comme de la première litière de leur stabulation.
   Ils ne dévoreront ni Despentes, ni Forest, ni Volodine. Ni Linda Lê, ni Adam, ni Claudel. Et encore moins Breat Easton Ellis et J.M. Cootzee. Pas le temps. Propos un brin savants. Bref, un monde qui n'est pas le leur. Claudie, ce n'est pas pareil. Elle est presque d'ici. Elle cause comme l'ultime épicière du coin qui fait dépôt de pain et de journaux. Pas mince, le compliment.
    Cette fois-ci, c'est vrai, elle s'est embarquée du côté du festival d'Avignon l'année de la grève des intermittents. Evidemment, on s'en fiche un peu sur les rives de la Grosne, de la Guye ou du Grison. Mais sûr, la prochaine fois, elle parlera des gens du cru. A commencer, peut-être, par les habitants de Saint-Ythaire. Saint-Ythaire, c'est entre Bonnay et Curtil-sous-Burnand. 122 âmes en colère contre le projet d'implantation de cinq éoliennes. Un super sujet pour l'écrivain qu'on a même aperçue l'autre soir au "Vingt heures" de TF1.
    Les révoltés de Saint-Ythaire? A moins que ce ne soient les Don Quichotte de Bény. Bény, c'est au coeur de la Bresse, de l'autre côté de la Saône. Là, c'est contre la future Ligne à grande vitesse qu'on se mobilise à coups de calicots et de banderoles accrochés aux barrières des fermes et des villas avec, parfois, des slogans en patois: "LGV, to ka t'nallo!" ("LGV, tu n'as qu'à t'en aller"!).
   Des hélices géantes bientôt essaimées dans le paysage si cher jadis aux abbés de Cluny ou des trains fous écrasant prochainement l'AOC des célèbres volailles aux pattes bleues. Fichue alternative, quand on y pense. D'autant plus que, dans ce décor de pseudo-polar rural, on ne discerne pas la moindre librairie à l'horizon. Alors, dites, où c'est qu'on va les trouver, à Saint-Ythaire, à Bény ou ailleurs, les 701 titres annoncés? Houellebecq a raison: il convient de revoir de toute urgence "La carte et le territoire". Ah! quelle vacherie, par ici, la rentrée littéraire. (Fin août 2010). D.P.

 

Quelques nouvelles de par ici
 
 
    Je vais vous donner un peu des nouvelles de par ici. C'est où par ici? C'est chez moi. Enfin, je veux dire pas loin. A la rigueur juste à côté. Le décor, vous le connaissez. Il y a un village avec son clocher vaguement roman. Le presbytère transformé en gîte rural. L'épicerie où l'on vend des caramels pour les gosses et des asticots pour la pêche. Le calme règne jusqu'au milieu de l'après-midi. C'est à ce moment-là que les tracteurs ramènent les voitures de foin dans les fermes. Les travaux agricoles, cette année, quelle galère: on est passé directement de l'hiver du mois de mai à la canicule du solstice! Vers dix-huit heures, dix-huit heure trente, les gosses font des pirouettes à bécane et les ados, sur la placette, gloussent dans leurs téléphones portables sans jamais déclarer forfait. Ensuite, le boulodrome de fortune prend  doucement des allures de petit G20 provincial.
    Imperturbable, l'employé municipal arrose les fleurs. Ou ce qu'il en reste. Le week-end dernier, des dadais en goguette ont piétiné les terre-pleins. "Saloperie de désoeuvrés!" maugrée Jean en lisant l'entrefilet dans la chronique locale. Jean, c'est le facteur. Après sa tournée, il aime bien prendre un verre. Le seul café qui n'a pas encore baissé rideau aligne trois tables sur le trottoir. Les autres troquets ont tous fermé. Trop de travaux pour se mettre aux normes. En sirotant son panaché, le préposé s'attarde sur le journal du coin. Les décès, les mariages, les naissances, les accidents... Il lit aussi le billet, en haut à gauche de la page 2. Il y a même la photo du chroniqueur qui tient un bouquin dans ses mains. En regardant de près, on découvre le titre et l'auteur. C'est Après beaucoup d'années de Philippe Jaccottet.
    Jaccottet est un immense poète qui vit dans les parages. Mais personne ne le connaît vraiment. Jean s'en fiche. Lui, ce qu'il recherche dans son canard, ce sont les infos pratiques. Ou les échos du conseil municipal. L'annonce des fêtes d'été. Les vide-greniers des alentours. Mais à la Une, il y a cette photo. Un ministre et sa femme "dans la tourmente". Eric et Florence Woerth, ils s'appellent. Pierrot, le patron du café, qui vient faire un brin de causette à Jean, prononce ce nom à sa façon. Il dit "Voerte" et ça sonne un peu comme un hommage aux absinthes verlainiennes d'autrefois. "Tous pareils, hein, y'en a pas un pour racheter l'autre!". Jean, le regard rivé aux résultats du "Mondial" de foot et au classement général du Tour de France, ne répond rien. Ou alors il fait "hum hum" et bien malin qui pourrait comprendre si c'est une approbation ou l'inverse. 
  Rien ne bouge, ou presque. Il y a juste un soupçon d'électricité dans l'air. La grêle est annoncée pour le soir mais, c'est bien connu, "à la météo, ils se trompent tout le temps...". N'empêche, il faut hâter la fenaison. Demain à l'aube, les fourches hydrauliques des colossaux Renault ou John Deere payés à crédit planteront leurs dents dans ces rouleaux herbeux qui, au mitan des parcelles de la PAC, ressemblent aux chignons lavande des aïeules de ce "pays". Ce "pays" qui pleure et qui rit, qui meurt et qui vit. Ce "pays" qui attend les touristes. Ce "pays" en jachère où, dans les villas des lotissements en extension, Internet remplace désormais l'épicier qui faisait jadis sa tournée en klaxonnant à travers des hameaux pleins de vieux taiseux et de chiens tout en gueule. 
  Voilà, ça se passe par ici un jour brûlant de juillet. Plus tard, peut-être, je vous donnerai des nouvelles de par là-bas. C'est où par là-bas? C'est du côté de par ici. Si jamais, un de ces quatre, vous avez l'occasion, arrêtez vous quelques instants, on parlera un peu de Jaccottet. "Faites passer, disait la terre elle-même, ce matin-là, de sa voix qui n'en est pas une. Mais quoi encore? Quelle consigne?" (Juillet 2010). D.P.
 

    

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